Encourager le leadership au féminin

« On ne sait rien de l’admirable activité des femmes, et même les féministes ignorent les trois quarts de ce qu’ont fait, dans tous les ordres de préoccupations humaines, leurs aïeules, leurs mères… ou leurs contemporaines. », déclarait Marguerite Durand dans Le Quotidien du 23 mars 1932.

Afin que ce que Marguerite Durand dénonçait en 1932 cesse, nous célébrons aujourd’hui la Journée internationale de lutte pour le droit des femmes.

Cette journée est plus communément appelée la « Journée de la femme », une erreur véhiculée bien souvent par les médias et le marketing. Le 8 mars n’est pourtant pas un jour de fête mais bien de luttes afin de réduire les inégalités qui persistent entre les hommes et les femmes et de permettre aux femmes de tous les horizons de gagner en visibilité.

Retour vers le passé

Bien que la date semble avoir été choisie au hasard, le 8 mars 1917 reste un symbole. En effet, les bolcheviks considèrent le 8 mars 1917 comme le début de la révolution russe, une journée marquée par des manifestations d’ouvrières dans toute la ville de Saint-Pétersbourg. Cet événement consacre la date du 8 mars en tant que « Journée internationale de la femme » : elle est désormais l’occasion pour les partis communistes de mobiliser et rallier les femmes à leur cause. L’URSS fut ainsi le premier pays à officialiser cette journée en 1921 en en faisant un jour férié non chômé jusqu’en 1965.

Comme une traînée de poudre, l’événement se répand dans les pays de l’Est sous la coupe soviétique. La radio tchécoslovaque décrit, en 1946, à quoi ressemble la journée des femmes à Moscou : « des avions apportent quotidiennement du mimosa, des violettes et des roses du Caucase et de Crimée […]. Les usines ont réservé des théâtres entiers uniquement pour leurs ouvrières. Les femmes sont des millions et des millions d’hommes, de pères, d’amants et de collègues de travail les couvrent de fleurs — littéralement — parce que la femme socialiste célèbre aujourd’hui sa fête, la fête de son émancipation. » 

C’est seulement en 1977 que les Nations unies officialisent ce 8 mars en encourageant les pays du monde entier à consacrer une journée en faveur des droits des femmes.

Aujourd’hui où en sommes-nous ?

Il s’agit aujourd’hui d’une journée de manifestations et de rassemblements afin de revendiquer plus d’égalité en droits, de sensibiliser l’opinion publique mais aussi de célébrer les victoires passées. Chaque année, l’ONU propose un thème directeur pour cette journée. Cette année, le thème choisi met en valeur le leadership au féminin dans un monde touché par la Covid-19. À cette occasion, le site d’ONU Femmes met en valeur des femmes qui œuvrent inlassablement pour participer au changement. Parmi elles, Mayerlín Vergara Pérez, défenseure colombienne des droits de l’enfant qui a voué sa vie pour cette cause et a passé plus de 20 ans à aider la Fondation Renacer (« renaissance » en espagnol) qui a apporté son aide à plus de 22 000 enfants et jeunes adultes victimes d’exploitation sexuelle et d’autres types de violences sexuelles et sexistes. Le travail de Mayerlín Vergara Pérez a été récemment récompensé par la distinction Nansen du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Mettre en valeur le travail remarquable de ces femmes, resté constant à travers une période si troublée, permet de proposer de nouveaux modèles auxquels les enfants peuvent et pourront s’identifier à l’avenir.

Cette journée est célébrée de différentes manières partout dans le monde et que serait un article made in Junior ISIT si nous ne parlions pas de différentes cultures ? Laissez-moi tout d’abord vous conduire de l’autre côté de l’Atlantique… Aux États-Unis, le mois de mars est consacré à l’Histoire des femmes. À cette occasion, une proclamation présidentielle a lieu chaque année afin d’honorer les réalisations des femmes américaines. En Chine, le Conseil d’État recommande d’accorder une demi-journée de congé aux femmes afin qu’elles puissent prendre soin d’elles. Nous finissons notre tour du monde en Italie, où la Festa della Donna est l’occasion d’offrir des fleurs de mimosa aux femmes.

Comment profiter de cette Journée pour créer un environnement women friendly dans votre entreprise ? 

Bien que ce geste parte sans aucun doute d’une bonne intention, essayez de ne pas céder à l’injonction des campagnes marketing en offrant des fleurs à vos collaboratrices, qui  risque de renforcer les stéréotypes de genre sans faire disparaître les inégalités en termes d’accessibilité des femmes au parcours entrepreneurial. 

En ce 8 mars 2021, nous vous proposons quelques pistes de réflexion : 

  • N’hésitez pas à féminiser le nom des fonctions, en privilégiant par exemple « responsable de direction” plutôt que « directeur » ou « directrice». Vous pouvez encourager les personnes concernées à changer leurs signatures électroniques, leurs badges ou leurs cartes de visite. 
  • Proposez des offres d’emplois non-genrées, par exemple « poste de direction marketing » plutôt que « directeur marketing » afin de faciliter la projection des personnes en recherche d’emploi en leur évitant de s’auto-censurer, vous aurez ainsi plus de chance d’embaucher une femme. 
  • Démontrez un engagement sincère envers la thématique. Différents moyens sont à votre disposition, par exemple, former les membres de votre équipe à l’écriture inclusive, rédiger une charte d’inclusivité, soutenir des organismes qui prônent une plus grande représentation des femmes dans l’entreprise. 
  • Incitez les collaboratrices à se mettre en avant et à s’exprimer en leur donnant de la visibilité. Vous organisez une conférence ou un séminaire ? Veillez à inviter autant de femmes que d’hommes sur scène, dans la mesure du possible. 

Alors, êtes-vous prêts et prêtes à vous engager pour un monde sans inégalité ? 

Un article de Fiona Gaudin, Présidente de Junior ISIT

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